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Il y a deux ans, au coeur de ma tourmente, j’ai eu l’occasion de vivre une aventure dont je rêvais depuis longtemps. J’ai suivi le séminaire pour futurs écrivains de la fondation Nouveaux Talents de Bouygues Télécom (comme Caroline et Sophie avant moi).

Une vraie chance. Et pourtant, à l’issue de ces trois jours, j’avais l’impression de ne pas avoir donné le meilleur, d’être restée dans la retenue pour garder en cage le monstre qui m’habitait à cette époque. Je n’étais pas satisfaite de mes textes. Ceux des autres étaient meilleurs, forcément. Je m’étonnais quand l’un des aspirants écrivains me félicitait sur l’un d’eux. « Cette concision qu’il loue, ce n’est pas du style, c’est de l’économie », me disais-je.

J’en avais conclu que j’allais faire taire mon syndrome de l’imposteur en restant dans ma zone de confort. Et je m’étais plongée dans les auteurs cités par notre chef d’orchestre Bruno Tessarech. Calvino, Hemingway, Modiano… J’allais à la bibliothèque comme d’autres vont au bar. Noyer mon chagrin dans les livres.  A quoi bon écrire quand il y a tant à lire ?

J’avais presque envie de m’excuser auprès de la fondation Bouygues Télécom, de Bruno Tessarech et de l’aspirant écrivain dont j’avais pris la place dans le stage et qui la méritait forcément plus.

Je m’évertuais à ne plus y penser. Mais il y a quelques mois, j’ai vu que Bruno Tessarech sortait un livre L’atelier d’écriture, leçons à un futur écrivain » dans lequel il compilait ses enseignements de manière quasi-romanesque. Évidemment, je l’ai acheté, pour ma rédemption. Pas à sa sortie, non. J’avais peur qu’il réveille mon mal être d’alors, d’autant que j’avais commencé à écrire quelques pages d’un projet qui me semblait tenir la route, cette fois.

J’ai attendu encore avant de l’ouvrir. Il s’agissait de se réconcilier. Ce n’est pas rien. Et puis je l’ai lu, les larmes aux yeux tant l’évidence m’a touchée « Bruno me parlait ». Si ce livre s’adressait à moi, j’avais sans doute ma place dans cet atelier finalement.

Je vais le finir ce roman. Parce que je ne peux pas faire autrement. Il y a cette phrase d’Anna Gavalda qui s’applique si bien à l’écriture « Regardez une femme enceinte : vous croyez qu’elle traverse la rue ou qu’elle travaille ou même qu’elle vous parle. C’est faux. Elle pense à son bébé. »

Et il y a toutes celles de Bruno Tessarech que j’ai surlignées au post-it  fluo et qui sonnent comme des incantations anti syndrome de l’imposteur.

 » Il nous arrive de croiser nos personnages alors que nous ne reconnaissons pas toujours les gens de la vraie vie. »

« […] Il est à peu près aussi difficile d’écrire un mauvais livre qu’un bon, parce que c’est écrire qui est difficile. »

« Le ton d’un texte, cette musique personnelle que tout auteur recherche, ne se trouve jamais dans les abus, que ce soit de mots, d’images ou d’explications. » (je crois sincèrement que cette phrase a été écrite pour moi).

« Si vous y renoncez, vous ne connaîtrez qu’un court soulagement auquel succédera une durable amertume, car le regret est un acide. »

Je vais le finir ce roman parce que « j’écris tous les jours, mais rien qui ne reste », comme je l’avais  déploré dans ma lettre de motivation pour l’atelier d’écriture. Il y a deux ans, déjà.

PS : Merci spécial à Bruno Tessarech, de s’être trouvé une 2ème fois sur mon chemin. La première fois, vous m’aviez donné envie de lire. Cette fois, vous m’avez redonné l’envie d’écrire. 

PS 2 : Pensée pour le financier aux dents longues de Youssef. J’espère qu’il a fini par ouvrir les yeux sur l’humanité. C’est vraiment grave docteur de penser aussi aux personnages des autres ?