« Au evoi » me disait-elle il y a une semaine avec son petit accent anglo-africain sorti tout droit de son monde à elle. Un univers sans « R », ni pour son frère, ni pour sa couleur préférée. A quoi bon, il n’y a pas de « R » dans Mac Do, pas plus dans Petshops. Le monde pouvait exister sans roulades et ronronnements.

Et en cas d’urgence, il y avait encore la bonne vieille parade du « Z ». « Azete », disait-elle alors pour nous faire stopper net les chatouilles. Le « Z » comme un joker pour briser la glace.

Et puis ces mots dans la voiture à peine revenue de vacances « radis », « radin », « rat ».

« Allo maman, tu lui a lu la page « R » du dictionnaire pendant les vacances ?

Non, comme ça ! »

Et enfin, les deux syllabes qu’elle appelle si souvent, prononcées à la perfection. Un grand frère si fier d’entendre enfin son prénom après trois ans à y croire. Une maman surprise par ce petit accent allemand guttural à souhait qui lui fait dire « Comme tu as changé en une semaine. Je suis fièRRRRRRe de toi ! »