Enfants, nous enfourchions nos biclous et pédalions à toute berzingue les trois kilomètres qui nous séparaient des cousins. Une course folle, prélude à des parties de crocket et de baby-foot toujours pleines de surprises. Les poissons rouges qui nageaient (flottaient ?) dans la baignoire. La voiture dans le champ, que les moins de 18 ans pouvaient conduire. L’accent des anciens avec leurs RRRRRRRR roulants comme un solex au ralenti. Et nos vieux biclous que nous enfourchions à nouveau pour repartir, avec moins d’entrain  et toujours, ce putain de vent de face.

Les années ont passé. Les anciens ne sont plus que dans nos souvenirs. La maison des cousins a été vendue. Les enfants sont nés. Et puis un jour, un enterrement « On ne va quand même pas priver nos enfants des souvenirs entre cousins« . Une carte, un compas. Notre maison de famille sera là à 3 heures de chacun d’entre-nous,  cet énorme gîte pour nous accueillir tous, un week-end par an.

Ses murs connaîtront les batailles de polochons avec tonton Sylvain, l’odeur des gâteaux de tata Justine, les déballages de cadeaux qui s’éternisent, les tours dans le village à se dire « Ce n’était pas là ça l’année dernière », les nuits pourries à cause du parquet du dortoir qui craque, la piscine restée bâchée par la faute à dame soleil, les noix ramassées avec les cousines, la photo de groupe sur le perron, les « qu’est-ce qu’il a grandit », « à l’année prochaine ». Les « On vous aime » que l’on ne dit surtout pas mais que l’on entend plus fort, à chaque éclat de rire.

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