Je ne suis pas marraine. Je n’ai pas de filleul(e). Et je n’en aurais sans doute jamais. Je pourrais m’en offusquer, me vexer de ne pas avoir été choisie, élue à la majorité parentale.

Il n’en est rien. Le baptême (qu’il soit civil ou religieux) n’est plus à la mode par chez nous. A quoi bon baptiser Pierre-Paul-Jean alors qu’on ne va plus à  la messe que pour les enterrements (la saison des mariages elle aussi est passée avec la trentaine). A quoi bon faire un parrainage civil qui n’a pas plus de valeur qu’une déclaration d’amitié ?* A quoi bon trier ses amis, en décorer deux et inviter les autres prétendants à la remise de médaille. Alors que rien n’est plus fragile qu’une amitié ? A quoi bon créer des liens symboliques alors que nos enfants ont déjà tellement d’oncles, tantes, grands-cousins, grands-parents qui leurs veulent du bien ?

Et puis finalement, c’est sans doute mieux comme ça. Parce que, autant on aime nos enfants comme un tout, de façon inconditionnelle puisqu’on les élève comme il nous plaît. Autant on n’aime pas forcément les enfants des autres. Et à fortiori, notre filleul(e) désigné(e) qui peut s’avérer être un(e)  sale gosse comme on les abhorre.

Alors on fait quoi si on n’aime pas notre filleul ? On lui offre des bonbons au poivre ? On fait comme si, en se disant que la méthode Koué finit toujours par fonctionner. Et, comme ses parents, par la grâce des liens sacrés du baptême, on s’amourache de lui ?

Je ne saurai jamais quelle marraine j’aurais fait ? Tendre, négligente, émerveillée, indigne ?  Je sais juste que chaque fois que je vois la filleule de mon mari, je fonds comme un chamallow au soleil.

* mon avis sur la question dans ce billet de 2008 !