Si la vie m’a appris un truc, c’est qu’il ne faut jamais dire jamais (et qu’il ne faut pas être superstitieux, ça porte-malheur).
Hier, donc, j’étais invitée à une rencontre informelle de mamans solos vraiment mamans et pas du tout blogueuses avec Marlène Schiappa (secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes), pour la lancement d’une étude sur la mono-parentalité. On pourrait presque dire sur les mamans solos puisque cela concerne les femmes à 85% (donc, seulement 15% des foyers monoparentaux ont un homme à leur tête -j’ai fait un BAC économie vous savez). Avec un salaire en moins, on imagine bien les répercussions sur le plan économique (à cause du logement principalement). A tel point que 35% des parents solos vivent sous le seuil de pauvreté. L’étude, conduite par l’observatoire de la parentalité devrait donc permettre de saisir les problèmes rencontrés par ces familles monoparentales.
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Mais pas besoin d’étude, j’ai envie de dire (mon côté punk). Lisez Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives.
L’histoire d’une maman, graphiste freelance à Lyon, qui se retrouve seule avec son fils de deux ans, dans son trop grand appartement. Coincée dans cette vie étouffante, elle va s’offrir quelques bouffées d’oxygène nocturnes en bas de son immeuble. Puis de plus en plus loin et de plus en plus longtemps..

Il y a tout dans ce roman. 
L’incompatibilité du statut de freelance avec celui de maman solo à cause de l’irrégularité des revenus et de l’absence de congés maladie.
Les problèmes financiers, les fins de mois dans le rouge, l’impossibilité de déménager sans salaire fixe, les huissiers qui rôdent. Les clients qui râlent.
La difficulté de trouver une crèche quand on n’a pas de feuilles de paie
Les jugements des autres qui assoment au lieu d’offrir leur aide
Les difficultés à refaire sa vie (elle donne rendez-vous dans un parc à  ses plans Tinder !)
La honte.
La solitude.
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Happé dans la spirale infernale de l’héroine, on se prend à imaginer les fins les plus tragiques. Alors qu’il suffirait d’une place en crèche, d’une main tendue, d’un logement HLM ou juste d’une oreille attentive. Happé. On devient maman solo avec elle, pendant 177 pages.
Parce que ça peut nous arriver à toutes.
Parce que ça m’est tombé dessus sans prévenir.
Parce qu’on peut aussi le vivre bien.
J’attends avec intérêt les résultats de l’étude qui devraient être rendus publics dans un an.
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Chez L’arbalète Gallimard
177 pages – 17 euros.