Je suis un dinosaure. Si, si. De mon temps, les téléphones avaient des fils et un cadran qui faisait krrrrrrrrrr ; les télés pesaient 15 tonnes et il fallait se lever pour changer de chaînes d’ailleurs, il n’y en avait que 3, puis 4, puis 5, puis 6 ; on s’inscrivait à la fac sur le minitel et on envoyait des télégrammes à nos correspondants outre-atlantique.

De mon temps, on vivait la maternité autrement aussi. Le portage était réservé à quelques babas-cool et on écarquillait les yeux quand on les voyait passer avec leurs écharpes à la péruvienne, en se demandant si le bébé n’allait pas tomber.

Lorsqu’on nous posait la question de savoir si on allait allaiter, on répondait par un simple « J’essaierai, on verra bien« . L’allaitement n’était pas encore une valeur fondatrice du maternage. D’ailleurs, on ne parlait pas encore de maternage. Pas plus que de cododo, allaitement long et tout le toutim. On ne se posait pas la question. On s’informait à l’ancienne, auprès de sa mère, ses soeurs, ses amies, sa pédiatre (à moins d’aimer traîner sur les forums aufeminin). On faisait ce qu’on peut, comme aujourd’hui.

Quelle mère serais-je, si je le devenais maintenant ? Sans doute la même au fond, une digital mum sous l’influence des blogs de maman qui causent portage et allaitement. J’aurais suivi le mouvement sans doute, sans me rendre compte que mon choix n’en était déjà plus vraiment un.

Qu’Élisabeth n’avait pas tort. La mère d’aujourd’hui n’est déjà plus celle d’il y a 7 ans. Pas plus sans doute, qu’elle ne le sera dans 7 ans. Donneront-elles raison à Badinter, ces mères ? Laisseront-elles à leur mari la place de père qu’ils ne revendiquent pas, plaideront-elles en faveur de l’égalité des sexes, retourneront-elles au chaud dans leurs foyers dorés, abdiqueront-elles ? Là où nous n’avons rien voulu lâcher, nous épuisant souvent, nous demandant pourquoi parfois.

Les nouvelles mères ont tout à inventer, les fameux nouveaux papas à leurs côtés.