Pas d’île Maurice pour moi, c’était de la blague. Mais j’ai voyagé quand même. Avec les arbres, Manon, Anatole, Sophie et Pierre, les personnages de « Les arbres voyagent la nuit », le premier roman d’Aude Le Corff.

De Nantes à Larache au Maroc, en passant par le Pyla, Bilbao et Burgos. Deux jours d’un étonnant road trip initiatique (et poétique), sur fond du Petit Prince et de citations d’auteurs, de celles qui nous construisent, nous font rêver la vie et la vivre un peu plus fort.

Je suis partie avec ces improbables compagnons de route, ressentant le mal de dos du vieil homme, calée dans mon inconfortable canapé pourtant presque neuf. J’avais 80 ans. Comme Pierre le père, je n’étais plus là pour personne. Perdue dans ma lecture, souffrant pour lui,  avec lui. Et si un jour ? J’avais 8 ans aussi. Lorsque les yeux incrédules de cette petite fille qui parle aux chats et aux fourmis se posent sur notre monde de fou. J’étais mère encore. Toujours. Ressentant même de l’empathie pour celle du livre qui plaque tout parce que la vie, les fausses couches et l’ennui. 

Difficile d’en dire plus sur « Les arbres voyagent la nuit », sans rien trahir de la quête (de l’enquête ?), tant l’auteur distribue les clefs, comme des bons points, au fil des pages.

Toujours est-il que j’ai ri, comme lorsque j’ai très sérieusement acquiescé à l’absurde « Si il y a bien un principe à respecter dans ce monde de brutes, c’est qu’on ne saccage pas un spectacle de dauphins » . 

Que j’ai eu les larmes aux yeux par moment aussi. Même si je n’ai pas noté les passages, trop occupée que j’étais à désembuer mes yeux (on ne peut pas avancer dans l’histoire lorsqu’on voit flou).

Parfois, j’arrêtais ma lecture. J’imaginais Aude, son chat sur les genoux, tapant les mots que je lisais sur son ordinateur. Et je redoublais d’envie de savoir la fin, parce que je suis curieuse. Et parce que je voulais voir comment elle s’en sortait Aude, de tout ça.

Aude Nectar la blogueuse avec laquelle j’avais eu le prix ELLE en décembre 2009.

Aude le Corff, l’écrivain. Autant dire que je l’attendais son roman, son premier roman qui me prouvait à moi, que c’était possible. Que tout était possible pourvu qu’on s’en donne la peine. Ce qui est d’ailleurs peut-être aussi, la morale de ce livre intelligent, qui parle d’amour, de désir d’enfants, de tolérance, de chats et de fourmis. 

Alors Bravo Aude, et merci pour le voyage.

 

Les arbres voyagent la nuit
Aude Le Corff – Editions Stock. 19 euros.