J’ai une théorie sur notre petite bibliothèque de village, celle qui fait dans le politiquement incorrect, je dirais même dans la subversion ! Je sais d’où proviennent leurs bouquins : ce sont les parents censeurs qui leur donnent. « Ah non, ce livre , c’est du n’importe quoi, la maman met une fessée. Je vais le donner à la bibliothèque, tiens« .

Ca devient évident avec le dernier spécimen que mes enfants ont choisi (il faut reconnaître qu’ils ont le don de trouver des livres qui les font marrer, en 3 minutes chrono, sans même ouvrir les pages).

Ce livre là* donc, il est mignon. C’est l’histoire d’un petit pois qui s’est échappé de son assiette et qui voudrait voler. Mais là où tout part en vrille, c’est que d’habitude, il y a une morale à la fin pour que le petit enfant soit bien sage et rende ses parents béats. Là, c’est de l’incitation à la délinquance. De l’encouragement à la débauche. Et comment tu leur dit de ne pas catapulter le petit pois fugueur avec leur cuillère si c’est écrit dans les livres, hein ?

De toute façon, les petits pois c’est traître. C’est vert et ce n’est même pas un légume vert. Non madame, c’est un féculent. Je vais retirer ça de mes menus et on en parlera plus. Et le livre, je le ramène fissa à la bibliothèque !

* Yael Delalandre, Petit Pois
Un livre charmant aux illustrations à la fois simplistes et poétiques