J’étais peureuse avant. J’avais peur de plonger, peur du noir, peur de décevoir, peur de prendre la voiture, peur de mal faire.

J’étais peureuse. Et pourtant, j’ignorais tout de la peur avant. Avant de ne plus sentir mon bébé bouger dans mon ventre (pendant deux minutes), avant que l’échographiste ne lui trouve la nuque épaisse, avant que j’épie sa respiration et que même sa première nuit m’empêche de dormir, avant que je ne doive le laisser à une, deux, trois inconnues, avant qu’il ne rentre à l’école, avant qu’il ne s’y fasse taper, avant d’entendre ses cris après une simple chute… avant.

On s’habitue pourtant, on apprend à vivre avec. On croit même l’avoir apprivoisée jusqu’à ce qu’elle réapparaisse, aussi grande, aussi forte, sous une autre forme. C’est là qu’on découvre la peur pour son avenir. Juste parce qu’il ne connaît pas ses tables. « 3X5 je t’ai demandé, tu le savais il y a 5 minutes« .  On s’énerve, on crie, on passe un mauvais dimanche. Mais au lieu de dire « Je t’aime et j’ai peur« , on hurle « Non pas 25 bon sang » comme si sa vie en dépendait.

Et on comprend que, non, on ne s’habituera pas.