Il me l’a demandé une première fois avec sa toute petite voix et ses yeux ronds qu’il fait dans ces cas là. Quand on parle des choses importantes.

J’ai feint la surdité. C’est le feu d’artifice de samedi, il était trop fort, j’aurais dû mettre des boules Kiès moi aussi.

Il me l’a demandé une deuxième fois en m’entraînant vers le tableau d’inscription sur lequel étaient noté les stands et les horaires. En face, des cases blanches qui restaient désespérément blanches.

J’ai fait la femme pressée. On a tant à faire le matin.

Il me l’a redemandé une troisième, une dernière fois dans la voiture alors que je venais de le récupérer chez la nounou, le ventre vide, l’oeil fatigué, la voix plus fluette que jamais « Tu pourras t’inscrire à un stand pour la kermesse, dis ?« .

J’ai repensé à toutes ses cases vides, à l’après-midi de connivences que nous avions passée la dernière fois, que ce sera la dernière kermesse que nous passerons dans cette petite école.

Samedi après-midi, pendant que vous ferez la sieste, que vous goûterez enfin au premiers rayons du soleil, pensez à moi, qui ramassera pour la 157° fois les boîtes de conserve du badaboum.