Elle a frappé à mon portail alors que je rentrais du bois, m’apportant une lettre au nom d’une autre. Peut-être un prétexte, peut-être pas. J’ai stoppé ma corvée, salué ma voisine pour la première fois en deux ans.

Et j’ai profité de l’aubaine pour en savoir plus sur la maison d’en-face. Sa maison, démesurément immense, que j’observe chaque soir en fermant les volets. En imaginant la vie derrière ce grand portail et ces murs de pierres.

La vieille dame sans âge me raconte, la jeunesse et les projets. Cette grande maison, bien trop grande maintenant, qui devait accueillir toute la famille, le fils unique, les petits enfants. Un pièce pour chacun, de la place pour courir, jouer à cache-cache.

Et puis le fils unique qui devient vieux garçon comme on dit. On raye le projet « petits enfants ».

Et puis le mari qui s’en-va trop tôt. On raye le projet « nous vieillirons ensemble ».

Et puis la solitude et cette phrase qu’elle me dit en partant « Vos enfants sont en vacances ? Je ne les entends plus rire ».

Un peu de vie par procuration qui nous rappelle que les choses ne sont pas toujours comme on les auraient voulues.

PS : Qui a gagné les places pour le concours de Zut samedi ? Le research randomizer à choisi le n°4. Bravo à Dezelle et merci à tous les participants.