Je me demande souvent ce qu’il est devenu ce bébé. J’ai assisté à ces premiers cris, suivi ses première tétées. Moi, la spectatrice silencieuse de ces premiers jours. Moi, la voisine de chambre de sa maman en détresse.

Elle est arrivée dans notre chambre quelques heures après moi, alors que je m’émerveillais devant mon bébé tout frais (vérifiant quand même qu’elle n’avait pas le nez de son arrière grand-mère !).  Je n’ai pas eu à lui poser de questions pour connaître son histoire. Juste à prendre au vol des bribes de conversation  : « ma grand-mère est morte ce matin. »  « Elle ne saura jamais que c’est un garçon« .

Un garçon. Oui. Le troisième d’une fratrie de petits anges blonds. Un petit garçon calme, en bonne santé. Mais un garçon quand même.

Pas une fille. Malgré le régime sans sel et le calendrier chinois (je ne linke volontairement pas ces conneries…). Malgré l’intuition maternelle qui une fois de plus montre ses limites. Malgré l’envie, là, tellement forte d’avoir une fille.

Je ne me souviens plus du prénom du bébé. Mais je me souviens de celui qu’il aurait eu si il n’avait pas eu de zigounette, puisque c’était le même que ma fille. Sa mère a dû s’habituer maintenant à ce prénom qu’elle n’a pas choisi pensant que ce serait une fille évidemment. Sa mère doit l’aimer comme les autres, certainement.

Peut-être lui met-elle tout de même des petits polos rose parfois, pour faire comme papa ?

Peut-être lui en veut-elle encore un peu ?

Peut-être a-t’elle cédé, comme  Victoria Beckham (qui attend son 4° enfant) à ce ravageant désir d’avoir une petite fille un jour ?

Peut-être que moi aussi, j’aurais trois enfants aujourd’hui, si ma fille s’était appelé Ulysse, Virgile ou Augustin ?

Et vous, jusqu’où seriez-vous prêts à aller ?