Hier soir, il est allé acheté le pain tout seul. Le porte-monnaie dans ses mains , j’ai donné les instructions « Tu dis que tu as 1€ et que tu voudrais du pain ». Il m’a fait répété. M’a regardée avec des yeux plein de doutes, de ceux qui attendent des encouragements. « Ca ira ? » j’ai demandé et il est parti, en serrant fort ma cagnotte dans ses menottes.
J’attendais dans la voiture guettant sa silhouette, me tortillant sur mon siège pour essayer d’attraper la scène d’un oeil. Que ces minutes sont longues. Que se passe-t’il dans l’épicerie ? Je l’imagine bredouillant et revenant les mains vides me demander ce qu’il doit dire. J’imagine qu’il n’y a plus de pain. J’imagine des idioties d’une maman qui ne voit pas grandir son enfant.
Puis la porte s’ouvre. Il court vers moi, son pain dans la main en signe de victoire.  J’avais piégé le jeu sans le vouloir « Ca coûtait 1€20 alors j’ai donné tout le porte-monnaie à la dame pour qu’elle compte tes euros ». C’est ce qu’il fallait faire.
Il a acheté le pain tout seul. Et demain, que fera t’il sans moi, que je ne pourrai observer de loin ?
Il doit grandir et moi avec.