Ca aurait pu être moi.

Moi aussi, j’aurais pu nous lever à la même heure que d’habitude en disant à mon fils les yeux pétillants « Réveille toi, c’est la sortie avec l’école aujourd’hui ». Presser les petits pour qu’ils s’habillent. Préparer le pique-nique en y mettant tout l’amour d’une mère, parce que c’est important la sortie de fin d’année. Ajouter des bonbecs pour qu’il les partage avec les copains, ces petits détails qui donnent un  goût sucré à ces journées là.

J’aurais pu enfourner tout le monde dans la voiture un peu plus tôt que d’habitude. Et m’en féliciter. Regarder le ciel, me dire que j’aurais dû mettre le k-way dans le sac avec le pique-nique.

Arriver à l’heure, enfin. A l’heure de d’habitude.

Et ne trouver personne devant l’école.

Moi aussi, j’aurais pu me tromper d’heure. Comme cette maman débordée qui jongle entre le boulot, les enfants, les embouteillages, le quotidien, et qui le fait plutôt bien, en y mettant toutes les forces qu’une maman fatiguée peut y mettre. En s’oubliant.

En oubliant aussi qu’aujourd’hui, il fallait avancer les aiguilles d’une demi-heure. Trente petites minutes, qu’elle s’est repassée en boucle toute la journée. Et voilà qu’elle s’en veut comme si elle avait mis du poison dans la soupe de ses rejetons. Qu’elle culpabilise comme seule une mère sait le faire, à se ronger les sangs, à s’en ronger les ongles.

Ca aurait pu être moi. Ca aurait pu être chacune d’entre nous.

C’était elle aujourd’hui. Ca sera nous demain.

Alors je lui dis juste « Tu n’es pas une mauvaise mère. Ces choses là arrivent. » parce que c’est ce que j’aimerai entendre, le jour où ce sera mon tour…