A nos fiançailles, j’avais écrit une chanson à mon mari. Ca donnait « tu es le plus gentil du monde, et le meilleur cuisinier au monde… » (à lire avec une voix de crécelle qui vire très, très haut dans les aigus). Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est qu’il serait également le meilleur papa au monde. Et que, contre toute attente, j’aurais des problèmes avec ça.

Parce qu’ils sont pratiques nos nouveaux papas, à donner le biberon comme si ils tendaient le sein, à se lever la nuit au moindre bruit, à consoler les bleus à l’âme et les petits bobos. « T’as trop de chance » qu’elles disent les copines, celles qui se lèvent la nuit et rêve d’un mari qui sait que les couches sont rangées dans le tiroir de la commode et qui sait même comment on s’en sert dis donc.

Ouais. Ok, j’ai de la chance.

Mais moi dans tout ça quoi ?

Je perds patience pendant les devoirs.
Je cuisine tellement cramé qu’ils ne connaissent même pas le vrai goût d’une tarte à la tomate.
Je n’ai jamais réussi à reconnaître les pleurs de mes bébés. Pire, quand un bébé pleurait, je ne savais même pas si c’était le mien.
C’est toujours avec moi que ma fille se déboîte le bras.

Ils sont gentils avec leurs nouveaux papas poules mais comment on la prend notre place de mère si les papas font les mamans et même pas inversement ? On fait comment pour le sortir de nos réminiscences notre instinct maternel si les papas le chopent avant nous ? On fait comment pour être la mère qu’on rêvait d’être si nos enfants ont déjà le papa idéal ?

On fait la mère indigne. Au moins le créneau n’est pas pris. Et tant pis pour l’océan d’amour qui coule dans nos veines.

PS : Et pour les petites malignes qui voudraient me l’échanger. Je le garde mon Mac Dreamer même si c’est pas tous les jours facile de vivre avec mister Perfect !

Edit de 11h05 : je réalise grâce à la remarque de Till the Cat que ce billet est plus un sentiment jeté à vif qu’une réflexion. Ma pensée n’était pas de dire il n’y a pas de place pour tout le monde, bien sur que si. En revanche, quand on redistribue les cartes, ce qui est le cas avec l’implication des nouveaux papas, chacun doit reprendre ses marques, ce qui n’est pas naturel pour une maman coincée entre les anciens modèles valorisant la mère maternante et les nouveaux papas « paternants » on va dire. Tiens d’ailleurs le terme n’existe pas !