Attention, mes lecteurs c’est du haut de gamme, le gratin. Il y a du VIP derrière son écran, du genre important. Oui, le directeur me lit et pas n’importe lequel. LE directeur. Celui qui distribue des bons points et te regarde avec des grands yeux ronds le matin quand t’es en retard. Le directeur de l’école de mon fils.

Comment je le sais ? Il me de l’a dit. « On pense pareil » qu’il m’a dit. Et là, oh, j’ai pris peur. Il va falloir faire gaffe à ce que j’écris, je me suis dit.

Ne jamais raconter d’histoires où mon fils se couche après 21 heures. Parce qu’il est strict avec ça le directeur. Tous les ans, il nous donne un petit papier nous rappelant les règles élémentaires du sommeil juvénile. Et c’est bien pratique pour coucher les petits réfractaires, on leur dit que le directeur va les gronder le lendemain et en deux minutes, tout le monde file au lit.

Plus de billets régressifs non plus. Les « haut les mains, peau de lapin, la maîtresse en maillot de bain« , je les garde pour moi. Déjà que le vendredi à la piscine, je fais super gaffe de ne pas le fredonner maintenant c’est motus.

Il va plutôt falloir que je la joue fine pour faire passer des messages subliminaux entre deux lignes d’Arial 10. Je me lancerais bien dans une ode au carnaval comme ma copine Shalima, histoire que notre petit village fasse à nouveau sa fête au bonhomme de l’hiver, que les ruelles gardent le goût de la parade à longueur de confettis, que mon fils enfile autre chose que son costume de Spiderman. Pour une fois.

Je pourrais écrire un poème à la maîtresse de M. 5 ans aussi et à celle d’avant. Un poème qui les remercierait de donner à ma descendance le goût de l’école et de l’écriture. Pour une maman dont c’est le métier et la passion, le contraire eut été rageant. Mais on m’accuserait (encore) de fayoter alors je fais faire comme d’habitude, me faire toute petite pour qu’il ne me voit pas quand on arrive après la cloche !