J'ai 7 ans, 8 peut-être puisque j'ai déjà une balafre à l'arcade. Je descends les pentes de la butte à vitesse grand V avec ma luge. C'est papa qui me l'a faite. C'est mac Gyver avant l'heure papa. Une planche de bois, des tringles à rideaux, une heure passée dans son atelier et glisse ma poule. Ce que ça pouvait aller vite, l'inconscience de l'enfance sans doute. Et puis il y a le lac gelé à côté. On s'amuse à marcher sur la glace comme dans les dessins-animés quand ils font un trou bien rond pour pêcher du poisson. Mais puisque mon frère est avec moi, il ne peux rien m'arriver voyons. Il y a aussi maman. Qu'est-ce qu'elle me fait rire avec sa chapka en fourrure. Elle a mis des crampons en fer sous ses chaussures pour ne pas glisser en allant travailler. A pieds parce qu'en voiture, ça glisse trop. Mais nous on s'en fout, on met nos écharpes et nos bonnets, on perd nos gants. Nous ne sommes que deux petits flocons portés par le vent. 

Ce que j'ai aimé cet hiver là. Je n'avais jamais vu la montagne alors je m'y croyais. Je me souviens de cette excitation teintée de peur qui me traversais. Comme le froid que l'on finissait par oublier dans l'euphorie du moment. Alors oui, cette semaine j'ai fait des batailles de boule de neige avec les enfants et ça rendait la petite ronchonne d'avoir de la neige partout. J'ai laissé M. 5 ans enfiler sa combi de ski qui ne servira jamais à la montagne pour se vautrer dans la neige. J'ai oublié que j'avais les pieds glacés pour tenter de construire un bonhomme de neige plus majestueux que celui de l'an dernier. Et lorsqu'un soir, le papa de la maisonnée à rapporté des luges à 20h30. On ne les a pas mises dans un coin pour les essayer le lendemain. On a rhabillé tout ce petit monde par dessus les pyjamas et on a dévalé la mini-pente de mon jardin comme des fous. Fous de joie. Et j'espère qu'ils se souviendont de cet hiver. Tu sais, celui où il a temps neigé et où on a fait de la luge dans le jardin alors qu'il faisait nuit.