Je ne voulais pas le lire ce livre de Justine Lévy. Le voyeurisme, je n’aime pas ça ; les peoples je m’en fout. Pourtant je me suis laissée convaincre par sa couverture aux allures de litote. Un « Mauvaise fille » sobre sur fond bleu, assorti d’une photo d’ange aux yeux de jais, celle de Justine Lévy. Jolie contradiction qui fait oublier les protagonistes de son dernier livre, Carla, Raphaël, BHL et les autres. 
 
« Mauvaise fille », c’est l’histoire d’une fille et de sa mère, et de sa fille qu’elle attend alors que sa mère se meurt… Ca évoque l’enfance d’une fillette élevée sans barrières dans les années 70, entre drogue et alcool et comment malgré tout, la fillette s’est faite femme, entre larcins et gros mensonges.

Mais surtout, ça parle de la complexité des relations mère-fille, des rendez-vous manqués, de la maladie et de l’amour aussi. C’est un cri de douleur où  coule une lumière. La lumière, c’est cette  écriture fluide, toute en sincérité, en pudeur même qui nous plonge dans des pensées tellement inavouables qu’on se sent un peu moins mal de les avoir eues aussi. Des pensées douces et amères, comme celle-ci :

On va lui trouver un chouette nom, rien qu'à elle, sans fantôme, un nom qui ne lui mette pas la pression, un nom avec lequel elle puisse plus tard, faire ce qu'elle veut, cosmonaute, député, rockeuse, gangster, styliste, femme au foyer, championne sportive, fleuriste, un nom qui aille avec tout, un nom avec lequel elle ait le choix d'être belle ou vilaine, facile ou difficile, ou les deux, ou entre les deux, un nom qui fonctionne quels que soient les destins, prospérités de la vertu et infortunes du vice ou l'inverse, ou encore les deux. Ca n'existe pas ? On trouvera. Maman m'aidera. Je sais bien que si j'avais été un garçon, elle comptait m'appeler Maldoror et que ce n'est pas exactement un nom sans fantôme et qui va avec tout. Mais je lui expliquerai ma théorie. Je vais maintenant lui parler très vite. Et je suis sûre qu'elle comprendra.