Une vieille copine vous téléphone. Vous la connaissez depuis toujours. Même si toujours, prend des allures de cours de lycée. C'était l'époque où vous tombiez amoureuse tous les jours, l'époque de la guerre en Irak, l'époque où vous regardiez tellement la Boum que vous vous demandiez pourquoi Pierre Cosso disait "c'est libe". L'époque aussi où tous vos chagrins d'amour laissaient un goût de Haribo.

Ensemble, vous n'avez pas fait les 400 coups. Vous étiez sages, un peu fofolles. Vous écriviez des poèmes qu'elle dactylographiait en écoutant Piaf ou Renaud. Et Bruel. Ah, Bruel ! Ensemble, vous n'osiez qu'à peine parler de l'avenir. Le prince charmant semblait si loin, les débouchés tellement bouchés. Génération sacrifiée disait-on. 

Epoque lointaine qui vous revient soudain, en même temps que des bribes de russe. "Lioubov".  C'est ce qui vous vient en tête maintenant. Parce que la vieille copine au téléphone n'appelle pas pour papoter aujourd'hui mais parce qu'Antoine est né.

Bienvenue à lui. Il pleut dehors, il pleut des bébés et ça gazouille dans mon coeur.